lundi 8 août 2022

La guérison des mémoires comme pilier de la construction d’une paix sociale authentique et durable.

                                                               

 

Séance de restitution de la formation sur la Guérison des mémoires dispensée par l’Institut pour la Guérison des mémoires (Healing of mémories Luxembourg)

En date du 01 Août 2022, dix-huit acteurs et actrices de la société civile de la province du Nord-Kivu en RDC, tous intervenants dans le domaine de la consolidation de la paix et la transformation des conflits, ont été convié à prendre part à une séance de travail de restitution tenue par JAMAA Grands Lacs en collaboration avec le Groupe Martin Luther King sur le thème « Guérison des mémoires, comme pilier de la construction d’une paix sociale authentique et durable ».

Le facilitateur Mr Christophe MUTAKA, coordonnateur du Groupe Martin Luther King, a rappelé le cadre contextuel dans lequel s’était passé la formation au Benin durant 5 jours sous l’initiative de l’Institut pour la guérison des mémoires (Healingof mémories Luxembourg), crée au Cap en 1998 sous la houlette du père Michael Lapsley. Cet Institut ayant pour vocation de venir en aide aux victimes de diverses formes de violence et d’oppression dans le monde. Dans son exposé, il a rappelé le point de départ du combat du père Lapsley qui a perdu ses mains et un œil dans un attentat au colis piégé au Zimbabwe le 28 avril 1998, juste trois mois après la libération de Nelson Mandela, au motif d’être un élément gênant contre la ségrégation blanche en Afrique du Sud. En tant qu’aumônier blanc de l’ANC en exil, il a été une source de la rancœur du régime d’apartheid.

Mais contre toute attente, son handicap a été une véritable source de force, une motivation indomptable à devenir guérisseur des cœurs et des âmes blessés en quête permanent de soulagement et de paix. Aux heures les plus sombres, dit-il, les forces du bien se sont révélées plus puissantes que les forces du mal : l’apartheid s’est effondré et la justice a triomphé. De la même façon, les gens puisent du courage dans ma propre histoire. La bombe qui n’a pas réussi à me tuer m’a laissé la langue, qui était ma seule arme contre l’apartheid. Mon handicap visible crée une certaine complicité avec d’autres, dont le handicap est souvent moins visible que le mien aussi tout aussi réel. La vérité, c’est que la douleur réunit les êtres humains. Dans le cadre de mon travail de « guérisseur », beaucoup disent qu’ils peuvent avoir confiance en moi car je sais ce qu’est la douleur. Quoi qu’il en soit, en définitive, ce qui importe le plus, c’est de savoir si nous sommes capables de transformer la douleur en force de vie, stipule dans ses mémoires.

Le facilitateur a eu un long moment de questionnement sur les blessures tant individuelles que collectives suivant le contexte de la République Démocratique du Congo, après des décennies des guerres violentes et sanglantes, des massacres de masse silencieusement entretenus au Nord-Kivu, au Sud-Kivu, en Ituri, au Kasaï, au Maniema, etc. et l’impact de tout cela sur la conscience et l’inconscient collectif. Au final, à force de descendre dans les profondeurs de notre être, nous ne cessons de réaliser que presque tous nous sommes malade, insistait-il. Il s’agissait pour lui de mettre en lumière les issus de ces évènements horribles qu’a connu la RD Congo et plus particulièrement l’Est du pays, toutes ces frustrations enfouies, ces réflexes de violences naissant de la mal-digestion du passé, cette intuition bouillante de vengeance à l’intérieur des individus et des communautés.

Face à cet état de choses, la nécessité d’ouvrir un couloir de travail sur les mémoires à l’Est de la RD Congo s’impose, tant pour guérir les hommes et les sociétés de leur passé, que pour se rassurer de mobiliser les forces de résilience partout où elles se trouvent pour construire un autre futur en phase avec le sens d’humanité vrai. Après un débat parfois méditatif, parfois électrique, le facilitateur a conclu son intervention par un vœu d’ouverture d’un champ large de fertilisation et de dissémination de l’approche de guérison des mémoires étant donné le besoin qu’offre la zone Est de la République Démocratique du Congo.

Le coordonnateur de JAMAA Grands Lacs prenant la parole a remercié le facilitateur et les participants, tout en affirmant que cela n’est que l’introduction d’un vaste travail de guérison des mémoires que l’organisation veut amorcer dans la zone orientale de la République Démocratique du Congo.

Beaucoup de participants ont été satisfaits de l’activité, tout en réclamant plus de temps. Pour Merveille Assani, une jeune intervenante au sein du programme de l’Université citoyenne en RDC : « l’activité a été une belle occasion de rencontre, de dépassement de soi après l’audition des témoignages et des expériences des autres sur leur passé »

Pour la jeune psychologue de l’organisation Handicap Internationale, Nadine Rugishi, « cette activité a été très enrichissante, elle m’a offerte d’autres pistes à explorer dans mon travail que je fais avec tous ces gens en besoin d’assistance et d’accompagnement psychologique suite aux traumatismes subis après des tensions ».

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La gestion constructive des conflits : outils et méthodes.

Photo d’ensemble après l’activité avec le formateur professeur Étienne CHOMÉ, fondateur de la méthode C-R-I-T-E-R-E.

Du Jeudi 28 juillet au Samedi 30 juillet l’école Internationale Communic
Actions en collaboration avec JAMAAGrands Lacs et le Groupe Martin Luther King ont tenu un séminaire de formation sur la méthode C-R-I-T-E-R-E, la communication et la négociation efficace pour mieux gérer les conflits sous la facilitation du professeur Étienne CHOMÉ, chercheur à l’Université catholique de Louvain et professeur à l’Institut International Lumen Vitae à Bruxelles. Quinze participants venus généralement des structures non gouvernementales y ont pris part.

Loin d’être seulement théorique cette formation a été une réelle possibilité d’entrer dans un processus d’expérimentation pratique des outils d’analyse des conflits, dans leurs causes profondes, de proposition et de construction des compétences pour s’en extraire et des effets qui adviennent des approches mises sur pied pour cette gestion dite constructive des conflits.

Pour ce qui est des causes de conflits selon la perspective de la méthode C-R-I-T-E-R-E, trois grandes orientations se dégagent, notamment : la présence des structures déficientes, des vécus dévalorisés, ainsi que des intérêts divergents.

Pour ce qui est des structures déficientes, il s’agit d’un dysfonctionnement institutionnel, un déficit organisationnel, une faille dans la loi, une crise des règles du jeu absentes ou imprécises, inadaptées, une divergence dans leur compréhension et l’impunité à les transgresser. Regarder sous cet angle, le conflit devient une émanation du désordre qui s’érige en norme sociale. Faisant de la société un lieu de libertinage, où chacun rame de sa manière, selon ses dispositions psychologiques et émotionnelle, ce qui crée une sorte de collision frontale débouchant à des antagonismes parfois violents. Il ressort que dans la plupart des pays où les conflits sont une réalité mal gérée des vécus des peuples c’est bien souvent suite à ce disfonctionnement institutionnel, à cette crise de règlementation. Une réglementation en laquelle les individus s’identifient, s’approprient pour une régulation positive, constructive, et harmonieuse de leurs vécus en tant que communauté de destinée. Le mal de la sous-région des Grands Lacs et particulièrement de la République Démocratique du Congo a pour source ce déficit structurel.

Parlant des vécus dévalorisés, cela s’apparente aux jugements, aux reproches, aux exigences, fruits amers de frustrations et de rancœurs. Les démotivations et les complications relationnelles qui s’enracinent dans un manque de respect des personnes, de leur dignité ou de leur identité, la dévalorisation de leurs valeurs, la non-reconnaissance de leurs besoins, le refus d’écouter leurs préoccupations. Ceci fait que le maillon social se fragilise par le fait que les individus sont constamment mal à l’aise et toujours en opposition les uns contre les autres. De ce sentiment de non écoute des besoins qui vibrent dans le fond des individus naît ce sentiment de frustration qui débouche à la recherche des lieux de décharges morale, des lieux d’expression de ces voix étouffées. Cela fait dans le cas spécifique de la République Démocratique du Congo que la naissance et l’entretien des groupes armés où se nourrit la violence au nom de la protection des identités et la quête de reconnaissance soit une réalité sociale réelle et quasi-permanente. En majorité, sont les jeunes qui alimentent ces groupes armés, parce que de plus en plus les frustrations s’incrustent dans leur champ, se sentant en marge de la société, avec un chômage massif, une pauvreté chronique et corrosive, une crise de perspective de vie, une sous-éducation entretenue, une exclusion dans les politiques prioritaires du pays, etc.

En fin, des intérêts divergents en confrontations, il s’agit des rivalités, des compétitions, des guerres de positions et des tranchées, de désir de gagner un maximum qui se mue en désir de l’emporter sur l’autre, à tel point qu’on est incapable de réfléchir ensemble à une solution gagnant-gagnant. Dans ce cas d’espèce, la dimensionéconomique des conflits qui sévissent la partie Est de la RDC prend son sens. Il s’agit de l’entretien des intérêts mesquins par des grandes firmes internationales assoiffés des matières précieuses du sous-sol congolais (cobalt, coltan, or, cuivre, etc.) et qui créent des guerres par procuration, alimentent les groupes armés pour pérenniser leur mainmise sur ces ressources. Cela est également lié en partie à une fiscalité nationale à lambeau qui décourage les investissements dans une orientation officielle et bénéfique pour tous. Premier producteur mondial de cobalt avec 100 mille tonnes par an, premier producteur africain du cuivre, etc. mais le pays peine toujours à tirer profit de ses mines. Déjà 70% de toutes ces richesses appartiennent dès la sortie du sous-sol à ces firmes internationales Suisse, Chinoises, Sud-africaine, etc. Et le 30% considéré comme issu de l’exploitation artisanale par les locaux, est réellement toujours entre les mains des autres ; déjà 80% appartient aux chinois, 15% aux libanais, et 5% aux indiens. La population congolaise au finish n’a rien de ses ressources naturelles. Le développement durable du pays reste en somme dans l’ordre de l’illusion.

Face à ces trois SOURCES des conflits trois COMPETENCES s’avèrent fondamentales pour la méthode C-R-I-T-E-R-E dans l’entré en processus vers une transmutation du conflit en possibilité de cohésion forte, c’est notamment :

Le CADRE DE DROIT comme réponse à l’existence des structures déficientes. Ceci renvoi à une ferme autorité à même de définir et faire respecter les réglementions établies pour la régulation de l’ordre sociale, et qui met hors-la-loi les violences inacceptables et les tactiques malicieuses de prise de pouvoir des uns sur les autres. Il s’agit au fond d’un processus officielle et parfois officieuse de renforcement de la cohésion du groupe pour déjouer les tentatives de domination ou d’exploitation des failles de la loi. Ici la visé est d’arriver à la gestion du conflit, pour que ce dernier n’arrive pas à déborder les limites du cadre de droit, parce qu’il en fixe les niveaux infranchissables d’expression, ainsi que des règles du jeu pour en diminuer l’ampleur progressivement et réarticuler à nouveau les liens sociaux.

La COMMUNICATION VRAIE comme réponse à des vécus dévalorisés. Elle fait appel à l’intelligence émotionnelle qui dénoue les vécus difficiles. Sa force tient dans l’empathie et la bienveillance qui déjouent les paroles poisons, en entendant derrière les jugements et les reproches, des sentiments et des besoins non satisfaits. La visée derrière est l’amélioration de la qualité de la relation. La visée à ce niveau est la transformation du conflit qui est une opération dont est capable la communication vraie, il s’agit de décoder l’agressivité qui vient d’une frustration, traduire les paroles-poisons en préoccupations légitimes. Il est question d’aller au cœur des personnes om s’accomplissent les changements les plus décisifs. Allant de l’intérieur vers l’extérieur.

La NEGOCIATION EFFICACE comme réponse intérêts divergents en confrontations. Cette négociation déploie une intelligence rationnelle qui recadre systématiquement l’échange sur la prise en compte des intérêts en présence. Son ressort d’efficacité tient dans la capacité à inventer, à imaginer des solutions nouvelles. Elle obtient des engagements libres et responsables, un bon accord, c’est-à-dire un accord judicieux, satisfaisant au mieux les besoins de chacun. La visée ici derrière est la résolution du conflit relevant de la compétence de négociation, qui fait passer des désaccords à des accords. Son critère de réussite est de solutionner le mieux possible le problème en jeu.

Pour le coordonnateur de JAMAA Grands Lacs cette formation était une belle opportunité de remise en question des approches d’action de son organisation intervenant dans la consolidation de la paix et la transformation positive des conflits dans la partie Est de la RD Congo.

« Nous sommes dans une région ayant connue plusieurs années de tension, de déchirement des liens sociaux, des guerres interethniques ayant sensiblement brisée la confiance entre individus et communautés, et mettant en mal les possibilités d’un vivre ensemble harmonieux, fertile et porteur. Face à ce tableau, s’impose à nous la nécessité d’une recherche assidue des outils pouvant contribuer à intervertir l’ordre de chaos en force de vie et pulsion d’humanité. Et cette formation nous a beaucoup donner des éléments qui vont sans nul doute féconder nos approches d’intervention au sein de nos communautés » A-t-il dit Nicolas Mumbere Sivihwa.  

Une autre formation est prévue au courant de l’année 2023.

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dimanche 7 novembre 2021

Communication sur la conférence des Jeunes Agents du Changement de l’Union Africaine sur l’agenda jeunesse, la paix et la sécurité – Défis et perspectives pour la RDC (Contribution de JAMAA Grands Lacs)


Introduction

Aborder la question de la paix et de la sécurité en RDC est une entreprise aussi complexe que laborieuse. Tant, la question est plurielle et multidimensionnelle dans ses causes, ses mécanismes d’autorégulation et ses conséquences sur le tissu social, la politique, le culturel et l’économique. Nous nous proposons dans cette intervention d’élucider les bases à partir desquelles la réalité des conflits, des guerres, de la violence et de fissuration dans la partie Est de la RD Congo se construit ; les issus évidentes et probables à laquelle elle a débouché jusqu’alors ; ainsi que les horizons d’engagement pour naître à un nouvel avenir plus stable, plus convivial, au cœur d’une « Afrique pacifique et sûre », pour reprendre l’aspiration 4 de l’agenda 2063.

Fondements

Quand on analyse la question de la paix et de la sécurité à l’Est de la RDC avec un regard avisé d’observateur direct des réalités sociales en cette partie du pays, trois sources d’analyses ressortent le plus souvent pour saisir les bases à partir desquelles naissent et émergent la déstabilisation et la fissuration sociale en cette partie. Il s’agit notamment :

a) Source communautaire.

Il s’agit ici d’une analyse du jaillissement de la guerre, du conflit et de la violence à partir du terreau social. Dans ce que ce terreau a comme éléments d’appuis à la survenu et l’entretien de la déstabilisation, et de la cassure des liens intercommunautaire harmonieux.

La zone Est de la RDC composée essentiellement d’une multitude de tribus et d’un diorama d’ethnies, elle constitue un maillon dont la diversité offre une véritable force de grandeur, d’inter enrichissement et de beauté en partage. Pourtant, cela n’a toujours pas été le cas. Il s’observe de plus en plus des truismes conflictuels et conflictogènes qui ne cessent d’opposer les communautés entre elles, les ethnies entre elles ; avec le mobile des groupes armés d’autoprotection pour les tribus, et dont la soi-disant protection finie malheureusement par être une lutte sanglante contre l’autre ou contre les autres.

Ce qui fait qu’il est facile d’associer à la majeure partie des groupes armés actifs dans la région une tribu. L’Alliance des Patriotes pour le Congo Libre et Souverain APCLS pour le Hunde dans le territoire de Masisi, Nduma Defense of Congo/NDC d’obédience Nyanga dans le Walikale, Mai-Mai Nyatura d’obediance Hutu né dans le territoire de Masisi comme réponse aux bergers Tutsi qui faisaient paître leurs troupeaux dans les champs des paysans Hutu. Au Sud-Kivu, les Mai Mai Yakutumba basé dans la forêt de Hewa Bora, de Ngandja et vers Kilembwe dont les éléments sont issus d’une coalition entre les Bafulero et les babembe, le Gumino à Minembwe et Twiraneho à Balala Nord d’obédience Banyamulenge. En Ituri, Union des Patriotes congolais/UPC pour les Hema nord et le Parti pour l’Unité et la Sauvegarde de l’Intégrité du Congo/PUSIC pour les Hema sud, le Front Front des Nationalistes Intégristes/FNI pour les Lendu nord et le Front de résistance Patriotique de l’Ituri/FRPI pour les Lendu Sud, le plus connus et plus actif ce dernier temps c’est CODECO qui historiquement était une coopérative  des Lendu d’Irumu (les Ngiti) fondée en 1978 par des jeunes Lendu éduqués et localisés dans la chefferie de Walendu Bindi. La CODECO œuvrait au départ pour le développement de la communauté Ngiti en produisant une grande partie des biens alimentaires  et du charbon de bois pour le marché de Bunia. C’est en 2018 que cette coopérative avait enclenché des attaques armées en visant particulièrement les bétails des éleveurs Hema, notamment dans les chefferies de Bahema-Nord, Bahema-Badjere et Walendu Pitsi dans le territoire de Djugu.

Il s’est ainsi développé comme une sorte de communautarisme exclusif, d’enfermement en soi et sur soi, où l’autre n’est tout simplement pas le bienvenu, et quand on ose tendre sa main et ouvrir ses bras à lui c’est souvent avec maints préjugés, stéréotypes et suspicions. C’est plus les relations de peur et de caricature de l’autre qui se construisent entre individus et entre communautés.

Les enfants qui naissent se retrouvent confrontés à une double réalité : Celle d’alliance naturelle avec l’historique de leur lignée familiale. Pour ces familles qui ont été victimes ; cela crée aux générations montantes une espèce de frustration inconsciente, un traumatisme hérité de l’humiliation subie par le passé. Pour les bourreaux, cela crée chez leurs descendances une espèce d’identité traumatique. Le fait d’appartenir à tel ou tel autre groupe ethnique connote directement un tas de meurtrissures identifiables dans l’inconscient collective par « effet de mémoire » de ceux qui sont rattaché à la lignée ethnique en question. Ce qui rend la cohabitation sociale harmonieuse encore plus hypothétique.     

b) Source géopolitique

Il est totalement impossible de saisir la problématique de la question d’insécurité à l’Est de la RDC en omettant le poids des enjeux géopolitiques de la sous-région des Grands Lacs. Il s'agit en premier lieu de l’éternelle et épineuse préoccupation de la gestion des éléments rebelles de FDLR d’origine rwandaise, de ADF-NALU d’origine Ougandaise dans le grand Nord de la province du Nord-Kivu et une partie de l’Ituri, le FNL (Front National de Libération) Burundais dans la plaine de la Ruzizi. Lesquels éléments ont servi pendant certains temps de motif sous-jacent d’entré officiel et/ou officieuse des armées Ougandaises et/ou rwandaises sur le sol congolais dans la visée de leur poursuite. Le comble ce que sont les congolais qui subissent les assauts de ces groupes rebelles, avec la dernière réalité des massacres perpétuels de Beni, dont on ne cesse d’attribuer aux ADF.

Cela est plus encouragé ou favorisé par la gestion calamiteuse des frontières congolaises qui restent tellement poreuses que les gens véreux et les groupes malintentionnés ont la facilité d’entrer et de sortir sans gêne.

c) Source économique

L’Est de la République Démocratique du Congo étant une zone où foisonnent des minerais du sol et du sous-sol, ces derniers sont devenus des mobiles d’alimentation de la guerre et de pimentation des conflits armés. Les spécialistes de la question dans la sous-région Jean Paul Mopo Kobanda, Nicaise Kiebel’Bel Oka, ColletteBraeckman s’accordent sur le fait que la prédation de ces minerais est à l’origine de la guerre de 1998-2003 et plusieurs autres. L’or, le coltan, l’étain, le diamant, le bois sont en première ligne de compte dans les motivations d’ingérence des pays de la sous-région en RDC. Ces minerais alimentent doublement le conflit, en étant à la fois l’enjeu de celui-ci et l’élément moteur de sa pérennité, puisque les groupes armés se financent  grâce à l’exploitation illégale des mines artisanales et des bois en complicité direct et indirect des firmes internationales.

Tout cela touche sur l’effondrement de l’économie des ménages, et l’entretient de la misère sociale et morale des populations de l’Est. Les familles peinent à élever leur niveau de vie socioéconomique suite à une instabilité quasi permanente. Les communautés entières se retrouvent parfois conditionnées à devenir déplacées de guerres et vivre malgré elles dans des camps de réfugié à la merci d’aide humanitaire. À cela s’ajoute le fait que les enfants sont utilisés par les seigneurs des guerres en esclaves dans ces puits de minerai aux conditions inhumaines et avec une gratification dérisoire. Ici et là, c’est la loi de la jungle qui régule tout. Ainsi, les chiffres de femmes violées ne cessent de grimper sous un regard malhabile malheureusement du gouvernement congolais et parfois du silence de la communauté internationale.

Perspective d’actions

Eu égard de ce qui précède, il y a lieu d’ouvrir un certain nombre d’horizons d’engagement et d’actions pour faire naître l’espoir dans ces populations qui ne savent pas à quel saint se vouer.

Une citoyenneté active :

Se fondant sur la résolution 2050 sur la jeunesse, la paix et la sécurité qui reconnait que « les jeunes peuvent jouer un rôle important dans la prévention et le règlement des conflits et, singulièrement, pour ce qui est de la stabilisation, de la capacité d’intégration et de la réussite des activités de maintien et de consolidation de la paix » ; il sera ici question de miser sur l’action des organisations de la société civile, ONG, Asbl, Mouvements citoyens, Groupes d’actions positives, Églises, qui doivent œuvrer a l’ouverture des nouvelles routes du futur. Une double perspective doit être privilégiée : En amont, la création d’une force commune qui porte loin l’écho de supplices des populations de l’Est par une stratégie de plaidoyer tant au niveau des instances nationales et qu’internationales. En aval, la création des espaces de rencontres interculturelles et intercommunautaires qui font rejoindre les diversités des communautés dans un dialogue de vérité pour une culture du vivre-ensemble, du rêver-ensemble, et de l’agir ensemble au compte du présent et de l’avenir. 

De ce fait, il faudrait ainsi privilégier les réseaux à la place de l’agir solitaire. En vue de créer une dynamique de réflexion et d’action des organisations sur la question de la construction et la consolidation de la paix à l’Est. Privilégier l’ouverture à la place de l’enfermement.

Participation :

Le rapprochement entre la jeunesse et l’Etat devient une nécessité, vu qu’elle est la couche la plus visée par les péripéties de la destruction et de la violence. Ces énergies juvéniles devraient être canalisées dans la conception des politiques et stratégies de construction et de consolidation de la paix et la sécurité, plutôt que dans la déstabilisation. Ce qui requiert un cadre permanant de communication sûre entre les jeunes et les décideurs sur leur engagement pour la paix en RDC et dans la sous-région des Grands Lacs.

Redéfinir les stratégies d’accompagnement :

Il s’observe un défi sur le plan d’accompagnement des jeunes engagés dans la dynamique de la consolidation de la paix, le manque de ressources financières pour mettre en œuvre leurs activités d'intervention. Cette contrainte provient en partie de leur incapacité à collecter des fonds, mais aussi en raison de la sensibilisation limitée du public aux incroyables activités innovantes et diversifiées qu'ils mènent dans différents pays du continent. La plupart des groupes de jeunes comptent sur les fonds personnels, les cotisations des membres et seulement une collecte de fonds minimale auprès des individus, des sociétés et de leurs communautés immédiates. Cependant,  ces  fonds  sont  à  peine suffisants pour mener à bien un plaidoyer ou des interventions durables. Malgré cela, il est important de noter que le financement est nécessaire mais certainement pas suffisant pour que les groupes de jeunes  étendent  la  portée  et  la  gamme  de  leurs  activités. Cela appelle à une révision des stratégies d’accompagnement des jeunes engagés pour la cause de la paix dans le pays.

Désengagement et réinsertion :

Pour les groupes armés qui pullulent dans la partie Est, la mise au point d’un fond de démobilisation, désarmement et réinsertion devrait être une des priorités nationales dans le processus de construction de la paix à l’Est. Car il s’avère de plus en plus que les initiatives qui ont été menées dans cette perspectives n’ont pas abouti à des issus un peu plus prometteurs suite à un manque des moyens alloués à cela et un cadre de suivi permanent de cette question. Ce qui fait que des ex combattants désarmés redeviennent plus vite encore des éléments nuisibles, malgré leur volonté de changer de perspective de vie à l’avantage de la nation.  

Nicolas M. SIVIHWA

samedi 22 février 2020

Appel à contribution pour la Revue Alternative



Congo : Réflexions sur deux grandes questions du moment

Au Congo-Kinshasa, cette fin de l’an 2019 se caractérise par deux questions de plus en plus imposantes dans les champs des réflexions et des débats sur la RDC : la question de la gratuité de l’enseignement de base en RDC portée par le régime Tshisekedi et la question de Beni, la pauvre ville de l’est de la RDC devenue au fil du temps un champ « des pièges sans fin », pour reprendre les termes de Pole Institute.
Dans un passé récent, et aujourd’hui de façon spécifique, ces deux questions ont envahi les espaces de l’information et des communications, en RDC et dans ses diasporas. Elles et ont été au cœur de grands débats et ont préoccupé tant les artistes musiciens, chorégraphes, peintres (…) que les chercheurs.  Mais dans leurs perspectives de fond, ces deux questions se posent encore aujourd’hui avec une telle acquitté qu’un double questionnement s’impose :
-          Qu’en est-il véritablement de ces crises ?
-          Quels en sont les contours conjoncturels et quels en sont les enjeux de fond ?
Le Centre de recherche-action dans les Grands Lacs africains, « Jamaa Grands Lacs », se propose de consacrer le prochain numéro de sa Revue Alternative, à ce double questionnement. Conformément à sa ligne directrice, la revue publiera une dizaine d’articles, rigoureusement choisi par son comité scientifique, proposant des idées de réflexion et des orientations pour des actions fertiles et durables. Les constructions devront être conformes aux exigences de la revue (voir le protocole de rédaction). La revue ne retiendra qu’un maximum de deux articles par auteur. La publication sera entièrement à la charge de la Jamaa Grands Lacs.
Toute proposition d’article devra parvenir au plus tard le 31 Mars 2020 à 18 h 00 (GMT+2), uniquement par voie électronique à l’adresse :  jammaa.grandslacs@gmail.com, avec copie à arsenentamusige@gmail.com. La revue sortira en Juin 2020.

Présentation de la Revue Alternative

1.    Nom : Alternative. Revue de proposition des idées de réflexion et des orientations d’actions aux générations montantes.

2.    Ligne éditoriale : Proposer des idées de réflexion et des orientations d’actions aux générations montante.

3.    Organisation de la revue
-          Editeur responsable                      : Jamaa Grands Lacs
-          Directeur de publication             : Innocent Mpoze
-          Rédacteur en chef                       : Arsène Ntamusige

4.    Comité scientifique :
-          Prof Kä Mana
-          Prof Phidas Ahadi Senge Milemba
-          Prof Kavain Olimba
-          Prof Bapolisi Bahuga Paulin
-          Prof Juste Yamoneka Wasso
-          CT Vake Kibambi Clement
-          CT Ulimwengu Biregeya Berbardin
-          Ass. Innocent Mpoze
-          Ass. Arsène Ntamusige
-          Ass. Nicolas Mumbere
-          Ass. Barengeke Kahiwa Theophile
-          Ass. Justin Lufungi
-          Ass. Deborah Mayogha
-          Ass. Muhindo Mukandala

5.    Fréquence de la revue : Annuelle  








Protocole de rédaction

1.    La Revue reçoit des articles de 6 à 12 pages, format A4, police : Garamond Roman (Taille de police : 12, 13 sur le format livret)
2.    Signature : 
Noms de l’auteur, une brève présentation de celui-ci ainsi que son courriel et ses numéros de contact
3.    Conditions d’acceptation :
-          L’on muse sur l’originalité et la spécificité de la réflexion de l’auteur sur sa question d’étude.
-          L’article doit refléter une stricte observance des méthodes de recherches telles que le prévoit la science. Cependant, l’auteur est libre de faire usage de la méthode lui facilitant l’atteinte de ses objectifs.
-          Langues : Français, Anglais et Swahili.
-          Références bibliographiques : toutes les citations doivent être référencées selon le model suivant :
·         Livre : G. KÄ MANA, Réimaginer l’éducation de la jeunesse Africaine. Idées directrices et orientations fondamentales, Goma-Yaoundé, Pole Institute, Presse universitaire & Ais éditions, 2013, p. 68.
·         Revue : L. MUHIMA SEBISOGO, « L’économie sociale et solidaire. Un cadre de production d’un savoir alternatif » in Congo-Monde (N°4), Vivre et agir dans un monde en éruption volcanique, Boma, Presse universitaire de Boma, 2015, p. 50-54.

La revue Alternative n’entend donner aucune approbation aux opinions émises dans les thèses ; celles-ci sont propres à leurs auteurs.

samedi 17 mars 2018

Conférence transfrontalière entre jeunes de Goma et Gisenyi

Participants à la conférence de JAMAA du 16 Janvier 2018 à l'ULPGL Goma

Dans le beau cadre spatial de l’université libre des pays des Grands Lacs, InnocentMpoze chercheur à l’université alternative et membre de la plate-forme Jamaa Grands Lacs, a animé une conférence-débat transfrontalière entre les jeunes du Rwanda et de la RDC sur le thème : Construire l’indépendance dans la fraternité : Défi majeur pour la renaissance africaine. Organisé par le cercle Jamaa Grands Lacs en collaboration avec l’Université alternative et le programme d’Accompagnement des Etudiants (PAE), cette rencontre a réuni 40 jeunes venus de Gisenyi et Goma le 16 Janvier 2018.
En plantant le décor de la conférence, l’orateur a exprimé sa gratitude aux penseurs de la renaissance africaine, notamment Cheikh Anta Diop, Joseph Ki-Zerbo, Théophile Obenga, Kwame Nkrumah, Emmanuel Kabongo Malu, Olivier Sangi Lutondo et  Kä Mana. Il a ensuite montré comment la nécessité de la construction d’une indépendance dans la fraternité est un défi majeur pour la renaissance africaine. Dans nos nations africaines dont les initiatives de dépassement de petits espaces nationaux en une grande ambition panafricaine ont toujours échoué, il est impératif de comprendre que l’indépendance africaine sera continentale ou ne le sera pas. Cela exige de lutter contre les pathologies dont souffre notre continent, à savoir :
-          l’absence d’utopies des grandeurs pour l’Afrique actuelle ;
-          un faible taux des réseaux de pensées à la hauteur des défis de l’Afrique ;
-    la culture de facilité et les divisions absurdes qui érigent domicile dans le champ des jeunes africains ;
-          les mythes des diplômes et papiers universitaires qui fabriquent des universitaires sans consistance et sans la connaissance directe dont parle Cheikh Anta Diop ;
-          L’implosion et la démission sociale. 
Cela dit, l’orateur eut à soumettre à la discussion quelques propositions :
-          Sur le plan politique
Le paradigme politique d’une « éthique de la donation de soi » en vue du renforcement de la cohésion sociale et de la redistribution équitable des richesses nationales et vaincre avec l’idolatrie du pouvoir. Ce nouveau leadership politique de la donation de soi implique une haute exigence de réappropriation des savoirs pluridisciplinaires dans des institutions scolaires et universitaires d’où jaillira une nouvelle « génération des élites africaines », dont la mission primordiale consistera à ériger un État-puissance dont la mission sera d’être unificateur et intégrateur.
-          Sur le plan scientifique :
L’urgence d’inventer des récits structurants car la puissance de tout peuple réside en dés récits qui structurent son être au monde. D’où l’appel qu’il a lancé pour l’émergence des think tanks à travers le contient, pour la production d’une œuvre poétique monumentale en vue de l’exaltation du beau, pour bâtir des œuvres romanesques de grande envergure en vue de fixer le cap de l’Afrique nouvelle et en ouvrir les horizons en révolutionnant l’imaginaire collectif des jeunes africains.
-          Sur le plan social
L’urgence d’un choix public et social à prendre part au chantier de la nouvelle renaissance qui passe par un renouvellement emblématique pour réellement mettre un terme à la double déconnexion dont parle Ndongo Samba Sylla : celle entre les citoyens et les « représentants » et celle entre l’économie et la société – entre ce que le Capital veut et ce à quoi les peuples aspirent. Il s’agit là de refuser l’idéologie marchande de l’ordre néolibérale qui nous a fait que croire au particularisme (qui nourrit en nous un caractère exagéré du népotisme) et au matérialisme exagéré (homo homini lupus).
Pour conclure le débat, le jeune Innocent Mpoze a formulé le vœu de voir Jamaa Grands Lacs devenir le brasseur et porteur de cette indépendance fraternelle pour une Afrique unie et qui se construit un être-ensemble, un agir-ensemble fort, solide et solidifiant car c’est à ce prix que toutes ces révolutions seront possibles.

mercredi 15 février 2017

Nous...















Jamaa Grands Lacs est une organisation à vocation culturelle et litteraire qui ambitionne d'oeuvrer pour l'éclosion d'une Afrique qui compte dans le monde et sur la quelle le monde compte.
Elle est basée à Goma.